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Depuis son lancement à l'occasion des festivités du 20e anniversaire de Disneyland Paris en mars 2012, le spectacle nocturne Disney Dreams! semble avoir atteint les objectifs fixés par la première destination touristique européenne avec un taux de satisfaction visiteurs frôlant les 95 % comme l'a récemment souligné Philippe Gas, Président d'Euro Disney S.A.S.
Sur la scène internationale, Disney Dreams! a également eu droit à de nombreux éloges, le tout couronné par l'obtention d'un Brass Ring Award de l'International Association of Amusement Parks and Attractions (IAAPA).
Alors qu'elle entame sa seconde année dans une version améliorée avec deux nouvelles scènes, NewsParcs a voulu se pencher sur les coulisses de cette gigantesque production qui a occupé pendant des mois les équipes créatives et techniques de la Walt Disney Imagineering (WDI) et de Disneyland Paris. Lumière sur les étapes majeures de ce projet hors-norme.
La création artistique
C'est en 2010 que la direction de Disneyland Paris lance une réflexion sur le programme de son 20e anniversaire, l'idée principale qui en découle est de proposer un grand spectacle en signature de l’événement. Objectif : mettre en scène le célèbre Château de la Belle au bois dormant, symbole du Parc Disneyland. Le projet est alors confié à la WDI sous la responsabilité de Steve Davison, vice-président parades et spectacles de la division Creative Entertainment. « Rapidement, le concept des rêves Disney s'est imposé à l'équipe créative comme la base de ce spectacle, » nous confie t-il. « On voulait aussi y intégrer un aspect technologique afin de raconter les histoires Disney d'une façon moderne et originale. D'où l'idée de partir sur le concept du mapping vidéo, c'est-à-dire la projection d'images sur le Château pour créer des effets visuels spectaculaires. » Il poursuit : « Pour illustrer les rêves Disney, il nous fallait un personnage principal. Notre choix s'est porté sur Peter Pan dont l'ombre s'échappe et nous emmène pour un voyage au travers des plus grands dessins animés Disney. »
La première étape du long travail de création artistique fut de définir une trame narrative (la storyline) reprenant les éléments clés du futur spectacle, notamment les différents films qui allaient figurer dans le scénario final. « Cette étape est essentielle pour voir si le spectacle tient la route, » nous explique Katy Harris, la directrice artistique de Disneyland Paris qui a pris en charge le projet du côté français. « La storyline a pris forme au fur et à mesure de nos réunions. Nous avons divisé Disney Dreams! en différents tableaux pour lui permettre d'évoluer dans le temps, par exemple en modifiant leur ordre de passage ou en les remplaçant par d'autres au gré des saisons. Il existe de nombreuses histoires Disney... Certaines de nos idées n'ont pas abouti pour diverses raisons, on avait par exemple imaginé des séquences avec Pinocchio, Winnie l'Ourson, Le Monde de Nemo, Bambi ou encore Fantasia ! »
Une fois le scénario validé, chaque tableau a été illustré de manière simple en quelques dessins afin de construire un storyboard animé servant de base de travail pour les animateurs, le compositeur de la musique et les techniciens. « L'animation a été réalisée par nos collègues et amis des Walt Disney Animation Studios avec à leur tête Dave Bossert, directeur du département des projets spéciaux, » continue Kary Harris. « Ensemble, on a déterminé quels étaient les personnages que nous pouvions récupérer des bobines originales et ceux que nous devions animer spécialement pour Disney Dreams! Sur les anciens films par exemple, si on veut sortir un personnage de son arrière-plan, cela prend beaucoup de temps car il faut le faire pour chaque image (ndlr : 24 images par seconde de film) C'est plus simple sur les productions récentes car elles sont construites autrement. Les scènes sont déjà divisées en couche que l'on peut reprendre une par une pour séparer le personnage du reste de l'action et du décor en arrière-plan. »
Au final, le spectacle représente plus de 60.000 images. Après cette longue phase d'animation, chaque séquence a ensuite été confiée à une équipe média qui s'est chargée de la production des vidéos. L'ensemble a ensuite été chargé dans un programme informatique pour que chaque vidéo projetée soit parfaitement synchronisée avec les autres tout en évitant les effets parasites (distorsion, balance des couleurs, etc.)
La musique fut le second grand défi à relever par l'équipe artistique, car elle devait se synchroniser parfaitement aux séquences tout en respectant les bandes originales des grands classiques Disney concernés. Pendant toutes les étapes de la création du scénario, le compositeur et producteur américain Joel McNeely a ainsi travaillé de concert avec la WDI pour écrire étape par étape une partition retraçant 80 ans de productions Disney. L'enregistrement s'est effectué dans les mythiques studios d'Abbey Road à Londres avec un orchestre de 100 musiciens et un groupe de choristes.
Une fois les séquences vidéo terminées, la dernière étape pour l'équipe de création s'est déroulée à Disneyland Paris pour la programmation du spectacle, le tout durant 6 semaines et pendant la nuit. C'est à ce moment là que les équipes chargées des effets spéciaux, qui viennent compléter les effets visuels, ont pu donner vie aux idées des concepteurs... Car Disney Dreams!, c'est également des fontaines, des écrans d'eau, des effets pyrotechniques et des lasers !
Un condensé de technologie
Côté technique, Disney Dreams! est une machine particulièrement bien huilée. Et pourtant, l'affaire n'était pas jouée d'avance tant les défis étaient nombreux à relever. A commencer par l'élément principal du spectacle, l’impressionnant Château de la Belle au Bois dormant dont l'architecture tout en hauteur et en courbes ne se prêtait pas facilement à l'exercice. « Il a fallu intégrer toute une série de technologies dans le Parc Disneyland, hors les installations d’origine (ndlr : le parc a ouvert en 1992) n'avaient pas du tout été prévues pour, » nous explique Ben Spalding, chef du projet Disney Dreams! à Disneyland Paris. « Mais on a tout de même réussi ce tour de force dans un laps de temps assez court, 7 mois entre le top départ et la première ! »
Pour réaliser les mapping vidéos sur le Château, il a ainsi d'abord fallu faire appel à une société spécialisée pour scanner le bâtiment et obtenir une image tri-dimensionnelle de la structure au millimètre près, ce qui a permis de déterminer que la surface de projection totale faisait 2.500 m². C'est sur la base de ces données que les équipes de la Walt Disney Imagineering ont ensuite construit une maquette dans leurs ateliers de Glendale en Californie pour tester à petite échelle l'effet des projections vidéo. « Cela nous a permis de vérifier si les contenus fonctionnaient bien sur le bâtiment et dans l'espace environnant, notamment si les personnages apparaissaient clairement ou si les couleurs étaient bien respectées, » continue Ben Spalding.
L'installation de Disney Dreams! comprend au total 16 vidéo-projecteurs Christie haute-définition, dont 12 sont pointés vers le Château (4 sur les toits des bâtiments de Main Street, 10 dans les douves et à proximité) et 4 sont utilisés pour deux écrans d'eau. « L'objectif était que les projections recouvrent l'ensemble de la face avant du Château, de haut en bas et de gauche à droite, quel que soit l'angle du regard. » explique Steve Davison.
Les effets aquatiques sont obtenus par un groupe de 43 fontaines (37 fixes et 6 en mouvement, puissance maximale de 40 mètres de hauteur) équipées à leur base d'un système LED breveté par la WDI pour un autre spectacle nocturne présenté à Disney California Adventure : World of Color. L'eau, qui est pompée directement dans les bassins du Château, est retraitée et une évacuation a été installée à la base du pont pour récupérer les pertes de fluide. L'installation est complétée par les deux écrans d'eau (rétractables) et un générateur de brume qui fonctionne en circuit fermé avec de l'eau potable pour des raisons d'hygiène. C'est la société belge Neverland Themepark Projects qui s'est chargée de camoufler les différents éléments techniques, un travail long et fastidieux compte tenu des contraintes horaires à respecter et des conditions météorologiques.
Les effets spéciaux et effets pyrotechniques ont également demandé beaucoup de travail aux équipes techniques, à commencer par les quinze lance-flammes à bras télescopiques qui ont été installés sur et autour du Château. Pour écarter tout risque de dégâts sur le bâtiment, chaque engin est équipé d'un système de capteurs reliés à une station météo. Si les données enregistrées dépassent les normes fixées lors des tests, chaque machine peut se couper de manière indépendante. « Pour les lance-flammes, nous leur avons dédié une adresse GPS et un espace modélisé en 3D dans lequel la flamme peut se développer sans risque jusqu'à une hauteur de 15 mètres. Si le capteur estime qu'elle peut s'écarter de cette zone à cause d'un vent trop fort par exemple, le système de sécurité s’enclenche automatiquement et ce quelle que soit la décision de la régie. » précise Ben Spalding.
Pour les feux d'artifices, les équipes techniques ont respecté un cahier des charges très strict, à la fois pour ne pas dépasser les normes de bruit autorisées par les communes voisines mais aussi pour éviter d’abîmer le Château tout en respectant les conditions élémentaires de sécurité. Les feux d'artifices principaux sont lancés depuis deux pas de tirs installés sur les toits de Fantasyland tandis que tous les effets installés sur la structure sont des feux d'artifices de scène, normalement conçu pour des effets en intérieur.
Enfin, quatre générateurs de lasers ont été installés sur le Château et dans Main Street, avec là encore des exigences bien particulières « Nous avons dû obtenir l'autorisation de la Direction Générale de l'Aviation Civile car Disneyland Paris se trouve dans le secteur de plusieurs aéroports, notamment Charles de Gaule et Orly. Les lasers ne peuvent donc ni pointer vers le ciel ni vers les écrans d'eau pour éviter toute perturbation, » décrit Ben Spalding.
L'ensemble du spectacle est piloté depuis une régie flambant neuve via un réseau de fibres optiques long de plus de 70 kilomètres installé autour de la place Central Plaza qui fait face au Château. Cette régie représente une petite maison victorienne et a été transportée par convoi exceptionnel tandis qu'il a fallu plus de deux mois de travaux pour son installation. A chaque représentation, le spectacle est commandé par un régisseur principal accompagné de 3 techniciens supervisant l'audio, la vidéo et les effets spéciaux. D'autres techniciens sont placés à des endroits stratégiques pour vérifier le bon déroulement du spectacle, notamment au niveau des pas de tirs des feux d'artifices. Au total, une vingtaine de personnes sont donc nécessaires au bon déroulement de chaque performance !
Le futur de Disney Dreams!
Disney Dreams! n'a pas été conçu pour une courte période, l'ensemble des équipements techniques ayant été installés de manière définitive dans le Parc Disneyland. Le grand spectacle du 20e anniversaire se poursuivra donc après 2013, fort probablement avec des ajustements plus ou moins importants selon les futurs développements et festivités de la destination.
C'est ainsi que deux nouveaux tableaux sur le thème du Roi Lion et de Rebelle ont été introduits dans le spectacle en remplacement de deux autres (Le Livre de la Jungle et Mary Poppins) sur base des résultats d'une enquête réalisée auprès des visiteurs et des communautés de fans. Ces nouvelles scènes ont demandé des heures de travail de la part des animateurs des studios Disney en plus de l'écriture et de l'enregistrement de deux nouvelles partitions musicales, toujours sous la direction de Joel McNeely. Enfin, de nouveaux effets spéciaux ont été installés et programmés sur place pendant plusieurs nuits.
Dès cet été, les visiteurs pourront également profiter du spectacle d'une manière plus immersive grâce à l'arrivée d'un nouveau produit dérivé : les Disney Light'Ears. Développé à l'origine pour World of Color, ce chapeau lumineux en forme d'oreilles de Mickey a été adapté aux normes européennes par les équipes merchandising de Disneyland Paris sous la direction de Marianne Sharpe et David Sultan, respectivement directrice du merchandise et senior manager merchandise. Grâce à une technologie infrarouge brevetée par la WDI, ces oreilles lumineuses se synchroniseront au spectacle grâce à un astucieux système de capteurs diffuseurs installés autour de Central Plaza et de Main Street. Elles sont en outre capables de 'communiquer' entre elles pour réaliser des effets lumineux spécifiques.
« C'est un peu comme des lumières théâtrales, » nous explique Katy Harris. « Beaucoup d'effets sont possibles : les lumières changent d'intensité, de couleurs, de rythme... Grâce à la technologie infrarouge, on peut réaliser des effets spectaculaires dans une foule comme une vague ou un dégradé de couleurs. L'idée des Disney Light'Ears est de prolonger les images de Disney Dreams! dans l'espace face au Château pour immerger encore plus les visiteurs au cœur du spectacle ! »
Pour conclure cet article, nous donnons la parole à Katy Harris et Ben Spalding qui nous résument le projet Disney Dreams! par l'une des plus célèbres citations de Walt E. Disney, « We keep moving forward, opening up new doors and doing new things, because we're curious… And curiosity keeps leading us down new paths... » soit « Nous continuons à aller de l'avant, à ouvrir de nouvelles portes et à faire de nouvelles choses, car nous sommes curieux... Et la curiosité continue de nous diriger vers de nouveaux chemins ! »
Note de l'auteur :
Un tout grand merci à Disneyland Paris (et en particulier à Mathias Dugoujon) pour nous avoir permis de recueillir les informations nécessaires à la rédaction de cet article. Nous remercions également Mmes Kary Harris et Marianne Sharpe ainsi que MM. Philippe Gas, Steve Davison, Ben Spalding et David Sultan pour leur accueil et le temps qu'ils ont consacré à nous répondre.
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ENTREPRISE | NewsParcs - Publié le 28 janvier 2014
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